Ereputation

La réputation numérique : gestion de l’image de soi sur la toile

Pourquoi parler de « réputation numérique » aujourd’hui ? Mon intérêt pour la gestion de l’image
personnelle sur le Web est partie du constat que les internautes laissent sur la toile des traces parfois
surprenantes et d’une persistance insoupçonnée
. Photos désobligeantes, informations
confidentielles ou personnelles, opinions politiques ou religieuses, commentaires déplacés, la liste
est longue. Alors que nous sommes à un moment charnière de l’Internet, passage du Web 2.0 1
communautaire et participatif au Web 3.0 2 qui nous apportera son lot de surprises et de déboires,
l’internaute ne mesure pas la puissance potentielle qu’Internet peut avoir sur l’altération de son
image.

La gestion de l’image de soi sur Internet étant un problème très récent, du moins qui ne suscite
l’intérêt que depuis peu
, les ouvrages à ce sujet sont rares. C’est pourquoi ce travail s’apparente
parfois plus à une analyse personnelle des outils, à une comparaison des services proposés ou à un
guide pratique de survie sur le Web. Ceci explique aussi le nombre d’exemples concrets que j’utilise
pour faire comprendre la gravité et les conséquences des problèmes de réputation numérique. Mon
objectif est de convaincre le lecteur qu’il est impératif de se soucier de son image sur la toile.

Ce sujet touchant au domaine technologique, beaucoup de termes techniques apparaîtront dans le
texte, mais seront explicités en bas de page ou dans le lexique à la fin du dossier.

Introduction à l’identité numérique et à l’eréputation

Est-ce que nos actes sur Internet peuvent avoir une incidence sur notre vie réelle ? Nos traces
laissées sur la toile ont-elles des conséquences sur notre réputation ? Faut-il surveiller sa réputation
sur Internet ? Est-il possible de prendre le contrôle de son image sur la toile ? Autant de questions
que nous nous posons aujourd’hui, à l’heure où Internet est devenu un outil indispensable à de
nombreuses personnes au quotidien.

En effet, depuis les années 2000, Internet est devenu incontournable pour le travail de tout un
chacun dans bien des domaines. Les informations présentes sur la toile augmentent chaque seconde
de façon exponentielle. Articles, photos, blogs, communiqués, discussions, toutes ces données
publiées souvent de façon anodines, vont certainement rester sur la toile cinq ans, dix ans ou peut être
pour toujours.

L’idée d’utiliser Internet comme un outil de recherche sur les individus est très récente et découle de
l’abondance des informations sur les personnes, publiées notamment sur les réseaux sociaux (tel
que Facebook) et sur les blogs. La publication d’informations et de photographies est devenue
extrêmement simple et accessible à tout le monde
, si bien que des commentaires ou images de
n’importe quel anniversaire, soirée ou concert peuvent se retrouver sur un blog ou un site
communautaire le lendemain matin.

Ford, Sony ou encore Apple sont des entreprises qui travaillent sur leur réputation en ligne depuis le
début d’Internet, avec des sites dédiés présentant leurs marques ou leurs produits, mais aussi avec la
participation des consommateurs qui donnent leurs avis, se plaignent ou adhèrent à la marque.
L’impact d’un commentaire sur un forum peut être lourd de conséquences pour ces entreprises.
N’importe qui peut y publier un test de produit qui pourrait être consulté par des dizaines de milliers
de personnes.

Si les entreprises sont conscientes du problème de réputation sur le Web depuis
plusieurs années, et qu’elles ont mis en place des moyens faramineux pour lutter contre les dérives,
les individus ne se rendent pas encore compte du potentiel de leurs informations déjà publiées sur la
toile. Seules quelques rares personnalités, souvent politiques ou publiques, en ont fait les frais.
Cependant, les déboires de la réputation numérique n’en sont qu’à leur début.

E-réputation : Démonstration à travers un cas fictif

Pour comprendre la problématique de la réputation en ligne, voici un exemple qui démontre
l’importance de la gestion de son image et de ses informations personnelles sur Internet. Il existe de
nombreux cas de ce type dans la réalité, cependant l’exemple traité ci-dessous est volontairement
fictif
, ce qui permet un lien direct avec le sujet et un discernement rapide de la problématique qui
nous intéresse.

Cette histoire est donc imaginaire, et toute ressemblance avec des personnages réels ne serait que
pure coïncidence.

Corentin Bogliani, employé de banque à l’UBS, sans histoire, est un fervent utilisateur des réseaux
sociaux tels que Facebook et autres forums de discussions. Un jour, il est accusé d’avoir téléchargé
des vidéos pornographiques sur l’ordinateur de son lieu de travail. La presse s’empare du fait divers et
son nom se retrouve dans différents médias. De plus, Corentin, a le désavantage d’avoir un prénom et
un nom peu communs ce qui facilite grandement le travail des journalistes qui n’auront besoin que de
quelques minutes pour retrouver des photos portraits ou des informations sur le jeune homme.

Curiosité oblige, l’entourage de Corentin (amis, collègues, voisins) n’hésite pas à se renseigner sur ce
dernier par des moteurs de recherche ou encore sur son profil Facebook. Il en ressort des photos de
fêtes bien arrosées (publiées par un de ses amis) et des échanges de messages intimes lors d’un flirt
sur un forum de discussion trois ans plus tôt.

Quelques jours plus tard, Corentin est lavé de tout soupçon et la banque s’excuse du malentendu. Son
casier judiciaire restera vierge, mais son identité numérique, accessible à tout le monde, sera
entachée des années durant
. Les articles de presses demeureront disponibles sur la toile et son
entourage aura consulté ses photos publiées sur Facebook. Quelques années plus tard, lorsque
Corentin proposera sa candidature pour un nouvel emploi, il y a fort à parier que l’employeur
consultera un moteur de recherche pour connaître un peu mieux cet employé potentiel…

Cet exemple atteste de l’importance des informations que chaque individu diffuse sur Internet. Une
simple photo anodine d’une personne constitue une partie intégrante de son identité numérique,
tout comme un message posté sur un forum de discussion cinq ans auparavant. Les anecdotes à ce
sujet sont nombreuses et de plus en plus inquiétantes.

La maîtrise de son image ne se limite pas aux informations que l’on diffuse sur la toile, mais aussi et
surtout aux contenus (textes, photos, vidéos) publiés par des tiers. Le maintien de la réputation en
ligne est aujourd’hui un problème qui s’adresse à tout le monde.

En 2007, en France, 77% des recruteurs avouent effectuer des recherches en ligne et 35% ont déjà
éliminé un candidat en se basant sur les résultats de leurs recherches. Aux Etats-Unis, ces chiffres
sont encore plus alarmants puisque 83% des recruteurs effectuent régulièrement des recherches, et
43% ont déjà éliminé un candidat par ce biais 5. Il semblerait que ces chiffres soient en augmentation particulièrement auprès des PME (70% des emplois en Suisse) qui, contrairement aux
multinationales, ne disposent pas d’un processus complexe et performant de recrutement de
personnel.

Dimitri Djordjevic, directeur de Mercuri Urval, entreprise spécialisée dans le recrutement, donne une
explication intéressante sur les motivations des recruteurs : « On recherche des informations qui
peuvent desservir le candidat […] c’est un peu comme en politique, lorsque l’on s’expose trop, on va
plus susciter des réactions chez les détracteurs que les supporters.
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A propos de l'auteur

Noam Perakis

Noam Perakis est un entrepreneur suisse co-fondateur et responsable marketing de RC-TECH Sàrl depuis 2007. Parallèlement, il est responsable de projets au sein de l'association COTESCENE spécialisée dans la production événementielle.