Conclusion E-réputation

E-Réputation et identité numérique : le mot de la fin

La réputation est indissociable du Web : Surfer sur Internet, c'est laisser des traces et laisser des
traces c'est se créer une réputation numériqu
e. En quelque sorte, tout le monde devient un
"personnage public" susceptible d'être usurpé, contredit ou attaqué par n'importe qui.

Début 2006, un blogueur (Christophe Deschamps) ne s'était pas trompé, "La réputation numérique
est sans doute le"prochain grand truc
"" 67. Il avait d'ailleurs compris qu'"Internet est le problème...
et la solution
". Si nos détracteurs utilisent Internet pour entacher notre image, c'est avec le même
outil que l'on peut réparer son identité et renforcer sa réputation. Mais c'est aussi grâce à Internet
qu'il est possible de se forger une bonne réputation et de se vendre à moindres frais
.

Une nouvelle ère

Avant l'avènement d'Internet, la réputation d'un individu, hormis les quelques-uns qui s'élevaient au
rang de célébrité, se colportait de manière orale ou éventuellement écrite (articles de journaux,
lettres etc...). Elle avait une durée de vie limitée et s'estompait avec le temps.
Mais voilà que la toile change tout. Notre réputation est désormais relayée par le plus grand média
du monde
, dans lequel elle est archivée.

De cette réalité virtuelle naît alors une nouvelle identité
dépendante des contributions des internautes. En outre, les médias ayant l'effet d'un miroir
déformant, notre identité numérique n'est pas fidèle à la réalité. De plus, elle est soumise aux
différents phénomènes que nous avons parcourus tels que la décontextualisation et l'interprétation.

"Dans l'océan de données où nous sommes immergés, chacun de nous a un "double numérique".
C'est-à-dire un reflet de nous-mêmes, composé d'informations électroniques sur nous, générées
indépendamment de notre volonté. [...] cette ombre qui nous accompagne partout a grossi
prodigieusement, dépassant désormais (c'est nouveau) la masse d'informations que nous créons
délibérément au sujet de nous-mêmes.
" 68

Ce double numérique, évoqué par Nic Ulmi de la Tribune de Genève, émane de nos traces laissées de
façon insouciante. Si la prise de conscience des problèmes liés à notre propre réputation évolue
favorablement, va-t-on voir déferler une multitude de campagnes publicitaires personnelles ? Les
réseaux sociaux vont-il devenir des vitrines publicitaires d'individus étonnamment parfaits
, sans
défauts ? Est-il plus facile d'embellir son image sur Internet que lors d'un entretien en face à face?
Probablement, pour une majorité d'internautes !

Toutefois, quelqu'un disposant d'une image trop
élogieuse pourrait soulever les soupçons d'un recruteur, ou ce dernier pourrait tout simplement être
déçu une fois la personne présente en face de lui.

Eréputation et identité numérique : Et demain ?

Internet évolue de façon exponentielle. Le temps d'écrire ce document, les chiffres de ce dossier sont
déjà largement dépassés !

Entre juillet et décembre 2008, Facebook est passé de 90 millions à 130 millions d'utilisateurs 69. Le
nombre de recherches sur Google en 2006 était de 2,7 billions par mois, et en 2007, ce chiffre est
monté à 31 billions. Malgré une mise à jour de dernière minute, lorsque vous lirez ces lignes, il est
fort probable que les chiffres se soient encore multipliés
.

Le nombre et la variété des informations sur des individus disponibles sur Internet est gigantesque et
ne cesse d'augmenter. Sachant cela, il faut réapprendre à interpréter les résultats, en gardant
toujours en tête la possible "mésinformation" des documents diffusés. En quelque sorte, il faut se
défaire de l'idée que toute information pourrait être évaluée rationnellement.

Le "World Wide Web", ancêtre du Web 2.0 était plus statique et ne permettait pas ou peu
d'interactions entre les internautes. Il a rapidement laissé place à l'actuel Web 2.0, souvent défini
comme "communautaire et participatif", qui laisse suggérer un futur Web 3.0 encore plus ouvert
aux dérives de réputations numériques. Certains spécialistes l'appellent déjà le "Web
sémantique" 70, capable de comprendre le sens de nos recherches sur la toile, de corréler les
informations pour écarter celles qui ne nous intéressent pas, et d'aller chercher encore plus loin dans
les entrailles du Web pour trouver des informations pertinentes.

Bref, il deviendra impossible de
passer entre les mailles du filet, d'être un internaute anonyme à l'abri des regards indiscrets
.
Cependant, être présent sur Internet fait partie du jeu, cela demande une prise de risques, mais
donne une multitude d'avantages. Si laisser ses informations sans surveillance peut s'apparenter au
jeu de la roulette russe, maîtriser son image peut s'avérer redoutablement efficace dans l'ascension
professionnelle.

Et l'éthique dans tout ça ?

Fouiller dans le passé des gens, mettre une note sur la prestation de son médecin, publier des photos
de sa voisine en bikini, se vendre comme un produit de luxe amènent à se poser des questions sur
l'éthique. Actuellement, l'éthique n'a que peu de place sur la toile communautaire. Rares sont les
personnes qui se soucient des conséquences que peuvent avoir leurs publications sur des tiers
.

Simple ignorance ou pure insouciance ?

Si la prise de conscience des problèmes liés à la réputation numérique se généralise et que
l'internaute moyen commence à se soucier des conséquences de chacune de ses interventions sur le
Web, les problèmes d'éthiques devraient diminuer.

Alors qu'Internet n'est qu'à ses premiers balbutiements, les générations actuelles ont encore une
notion de "l'avant Internet" et sont d'ailleurs les dernières à avoir connu un monde sans le Web ! Si
pour certains il est difficile de se rappeler comment nous communiquions avant l'apparition des
téléphones mobiles, demain c'est la génération de l'an 2000 qui se posera des questions similaires
sur les habitudes avant l'ère du Web.

Les générations ayant vécu sans Internet ont aujourd'hui un
regard critique envers les aspects qui entourent ces nouvelles technologies de l'information
. Il est
fort à parier que dans le futur, les jeunes internautes ne se poseront plus de questions sur le respect
de la vie privée d'autrui ou d'atteinte à l'honneur. Cependant, ils auront sans doute une meilleure
connaissance des outils de gestion d'image et de contrôle de données qui feront partie intégrante de
l'utilisation du Web.

Profitons de la lumière du passé et de notre regard critique sur la réputation numérique pour
déterminer des repères pour les générations futures. Car même si les nouvelles technologies
deviendront bientôt trop complexes pour qu'on s'y intéresse encore, notre réputation numérique
nous survivra.

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A propos de l'auteur

Noam Perakis

Noam Perakis est un entrepreneur suisse co-fondateur et responsable marketing de RC-TECH Sàrl depuis 2007. Parallèlement, il est responsable de projets au sein de l'association COTESCENE spécialisée dans la production événementielle.