Yahoo dévoile le code source de son webmail Yahoo! Mail
Excès de générosité ou stratégie commerciale ? Yahoo, dont la rentrée 2006 s'annonce chargée, vient d’annoncer l’ouverture au public de développeurs du code source de son fameux webmail Yahoo! Mail, récemment entré dans une nouvelle version bêta dans plus de 19 pays.
Cette annonce intervient alors que son concurrent direct, Google, vient d’autoriser l’ouverture à tous de son webmail Gmail, désormais accessible sans invitation. Yahoo n’en est pas à son coup d’essai, après la réussite de la révélation du code source de Flickr, célèbre gestionnaire de photos en ligne du groupe. La tendance est d’ailleurs générale, aussi bien avec le Google Maps de Google qu’avec les produits d’Amazon, de Microsoft ou bien encore d’IBM. Néanmoins, c’est une première concernant un webmail.
Mais concrètement, à quoi cela nous sert-il à nous, utilisateurs de Yahoo! Mail ? Grâce à l’ouverture du code source, des milliers de développeurs vont pouvoir s’amuser à trifouiller le webmail afin d’éditer de nouvelles fonctionnalités, de personnaliser l’interface et de créer nouvelles compatibilités. A ce propos, beaucoup espèrent la création d’un « Mash-up » (définition), logiciel internet hybride, permettant dans notre cas de consulter ses mails sur une autre application, et pourquoi pas consulter l’intégralité de ses comptes mails (Hotmail, Gmail…) à partir d’une seule et même application. Je vous arrête de suite, ne vous faîtes pas trop d'illusions, car il faudrait pour cela que Google et surtout Microsoft dévoilent à leur tour les codes sources de leurs webmails respectifs…
Et la sécurité dans tout cela ? Le fait de rendre le logiciel quasiment open source ne va-t-il pas inciter les pirates à se pencher sur le code de Yahoo! Mail ? Par miracle, Yahoo a pensé à tout, en assurant qu’il garderait un contrôle absolu sur le système de login et mot de passe, afin de ne pas risquer une quelconque attaque. Pour parachever le tout, Chad Dickerson rajoute qu’« il s'agira du plus important logiciel dont le code source sera rendu public depuis la naissance d'Internet ».
Mais une question essentielle se pose : Pourquoi ? Pourquoi Yahoo nous donne-t-il accès gratuitement à la moelle épinière de son programme ? Chad Dickerson, responsable de la division des relations avec les programmeurs chez Yahoo a une réponse : « Yahoo est une très grosse compagnie, mais nous ne sommes pas en mesure de développer toutes les applications dont les utilisateurs souhaiteraient disposer. Il est possible d'imaginer des dizaines de milliers de fonctionnalités spécifiques différentes pour Yahoo! Mail ». Néanmoins, en parcourant différents articles, de nombreuses autres hypothèses sont avancées. Rares sont ceux qui croient en un élan de générosité sans arrière pensée.
En effet, les bénéfices de cette opération sont multiples pour Yahoo :
- Une image requinquée, grâce à l’ouverture aux développeurs, permettant d’augmenter le capital sympathie auprès du public,
- Une meilleure compétitivité face à la concurrence, en développant des fonctionnalités innovantes et/ou manquantes,
- Des économies certaines, car je vous rappelle que les développeurs du monde entier ne sont pas rémunérés par Yahoo,
- Des utilisateurs plus nombreux : Déjà 257 millions d’après le groupe, Yahoo cherche ainsi à augmenter son nombre d’utilisateurs, et ainsi ses recettes publicitaires
- Enfin, le but quasi-avoué est de rattraper et surpasser Google en combinant tous ces facteurs.
Jason Rupp, responsable produit des services e-mail de Yahoo, a annoncé que le code source de Yahoo! Mail serait publié d'ici la fin de l'année. Mais ce lever de voile ne serait-il pas qu’un effet d’annonce ? En effet, d’après une mise à jour du site PC INpact, le code dévoilé ne serait que l'API (et non le code source) de Yahoo! Mail, limitant ainsi les possibilités de développement. De plus, il ne serait pas rendu public, mais simplement fournis à quelques partenaires de Yahoo.
Qu’en sera-t-il vraiment ? Nous espérons en savoir plus d’ici la fin de l’année… Peut-être pour Noël, qui sait ? Cela pourrait être une bonne, comme une mauvaise surprise…